Passer au zéro herbicide coûtera entre 10 et 20 000€ par an à chaque exploitant

Ces chiffres sont issus d’une étude des Chambres d’agriculture dans 18 domaines du Val de Loire, de la Vallée du Rhône, de la Bourgogne, du Beaujolais, du Bordelais, du Cognaçais, de l’Hérault et de la Champagne. – crédit photo : APCA

La perte de rendement induite par le passage au travail du sol va faire augmenter les charges à l’hectolitre des viticulteurs. Ils pourraient perdre jusqu’à 20% du produit brut de leur exploitation et l’équivalent d’un SMIC sur leurs revenus avant impôts. Un article rédigé par Marion Bazireau pour Vitisphère…

Les Chambres d’agriculture ont calculé le coût du passage au zéro herbicide dans 18 domaines du Val de Loire, de la Vallée du Rhône, de la Bourgogne, du Beaujolais, du Bordelais, du Cognaçais, de l’Hérault et de la Champagne. « Ces domaines sont représentatifs des modèles majoritaires de chacun des vignobles. 13 sont déjà entrés dans une démarche de réduction des herbicides en passant au désherbage mécanique de l’inter-rang » expliquent les auteurs de l’étude, destinée à servir de base de travail aux conseillers viticoles.

L’augmentation des charges totales à l’hectare n’est pas spectaculaire. Comme la majorité des domaines étudiés ont commencé à s’équiper d’outils de travail du sol, les ingénieurs l’estiment à 3% en moyenne. Ils ont en revanche calculé une augmentation des charges totales à l’hectolitre moyenne de 13%, du fait de la perte de rendement très souvent constatée les premières années, liée à des « labours trop profonds combinés à un enherbement mal maîtrisé ou une fertilisation insuffisante des sols ».

Augmentation du temps de travail

Pour les domaines ayant entamé leur transition, l’augmentation du temps de travail est comprise entre 3 et 11 heures/ha. Pour les autres, elle s’élève à près de 14 h/ha. « Sur le Val de Loire, les viticulteurs auraient besoin de recruter près de 200 personnes qualifiées pendant 4 mois » indiquent les auteurs. « Cela semble difficilement applicable dans un contexte déjà tendu sur la main d’œuvre. »

Dans l’hypothèse d’une baisse de 20% du rendement, les viticulteurs coopérateurs pourraient perdre jusqu’à 20% de leur produit brut (en €/ha). « Les exploitations qui vendent à la fois en vrac et en bouteilles seraient moins impactées. En Bourgogne et dans le Beaujolais, leur produit brut diminuerait tout de même de 15 et 17%. »“-8 à -153% de résultat “

In fine, dans le cas d’une récolte amputée de 10%, l’hypothèse intermédiaire des Chambres, la diminution du résultat courant par actif familial se situe entre 10 000 et 20 000 euros par an pour une grande majorité des systèmes étudiés. C’est l’équivalent du montant d’un demi à un salaire annuel au SMIC. « La perte de résultat évolue dans une fourchette comprise entre -8% et -153% ».

Pour pallier ces pertes, il faudrait que les viticulteurs augmentent le prix moyen de l’hectolitre de 3% à 22%. « Encore faut-il que le consommateur l’accepte » reconnaissent les auteurs, qui encouragent les pouvoirs publics à augmenter leur soutien à la filière.

Parmi les 18 cas étudiés, ce sont un viticulteur vendant son beaujolais en vrac au négoce et un coopérateur de la Drôme qui seraient les plus touchés. Le détail de l’étude est disponible ici.

Retrouver cet article directement sur le site Vitisphère en cliquant sur le lien suivant… https://www.vitisphere.com/actualite-92891-Passer-au-zero-herbicide-coutera-entre-10-et-20-000-par-an-a-chaque-exploitant.htm

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